Ébauche d’une critique d’une carte d’aléas

Article du Bulletin N° 35

Généralités :
Dans le cas d’une tempête extrême, plusieurs paramètres restent totalement aléatoires, peu prévisibles, d’un ordre de grandeur impossible à chiffrer avec précision :
· La hauteur d’eau en cas de surcote. En novembre 1999, surcote de 0,9 m, hauteur d’eau dans le port de Noirmoutier : 3,67 m IGN. Le même jour à la Rochelle, surcote de 2 m !
· Hauteur d’eau maximum possible au même endroit retenue par les services techniques : 3,86 m Hauteur des ouvrages de défense contre la mer retenue par la DDE : 4 m IGN.
· Dans le cas d’une rupture de digue ou d’une brèche dans une dune, le volume d’eau admis dépend :
– De la taille de la brèche en longueur et profondeur (hauteur)
– De la hauteur d’eau à ce moment là
– De la direction et de la force du vent
– De l’évolution de l’érosion latérale de la brèche (augmentation possible de la longueur et de la profondeur).
– De l’heure de la marée par rapport à la haute mer pour pouvoir quantifier le temps pendant lequel le volume d’eau pourra s’engouffrer dans la brèche avant la marée descendante.
– De la hauteur de vase à l’extérieur de la digue. Inégale le long des digues. Une hauteur de vase importante par exemple aux Grands Chapelains, à Bremaud, protège ces digues d’une rupture importante et limite le temps possible d’une invasion marine.(Ce qui peut causer un problème d’alimentation en eau salée, en particulier à l’écluse de Cailla).
– De la capacité des secours à intervenir rapidement. Le chemin à la base des digues permet certes une intervention rapide mais que faire dans le cas de brèches multiples sur une même section de digue ?

Carte d’aléas de Barbâtre
On peut remarquer sur cette carte d’aléas quelques anomalies et des manques de précision qui méritent des explications, des éclaircissements ou des rectifications :
– Absence des coëfs (ensemble de 3 coëfs à clapets) de l’Enclos Vieux à la Fosse, élément indispensable à l’évacuation des eaux pluviales dans la plaine.
– Absence des écluses : au Vide dans le polder de Sébastopol, à Cailla, à la Berche (deux écluses)
– Quelques erreurs sur les limites de zones inondables, en particulier à la Frandière et à la Borderie (zones de dunes), aux Castiennes (derrière l’école de la Fosse), dunes de la Tresson : la zone basse inondable correspond aux prélèvements sans autorisation dont le sable a été utilisé pour la construction de la 2 x 2 voies. Un des points les plus haut de l’Ile est englobé dans cette zone.
– Des routes classées digues de retraites, qui ne le sont pas : rue de la Charreau Pineau, de la route départementale à la digue.
– Omission de la rupture de digue en 1978 et de l’inondation de toute la plaine de Barbâtre à l’est de la 2 x 2 voies (500 ha).
– Eventuellement, omissions d’autres catastrophes (voir l’étude de 12/12)

(insert photo: illustration)

La plaine de Barbâtre vers le nord, janvier 1979
Au premier plan, l’Office de Tourisme et le moulin de la Cornette

Si la plaine à l’ouest de la 2 x 2 voies est effectivement moins menacée par une submersion, elle reste malgré tout sujette aux inondations pluviales.
Disons le encore une fois, si la 2 x 2 voies a assurément contenu la submersion en 1979, ce n’est pas une digue et à environ 2m IGN, la voie rapide reste submersible par fort coefficient dans le contexte d’une tempête extrême.
Alors que la plaine présente une apparence de forte unité en altitude, on peut s’interroger sur le manque de continuité dans le zonage, alors que lors de la rupture de la digue au polder de Sébastopol près du gois en 1978, toute la plaine de Barbâtre, de la Berche à la Fosse, était inondée (500 ha) !
– A la Berche, on passe d’une zone d’aléa fort à une zone d’aléa faible, c’est à dire que les anciens marais salants sont coupés en deux par le zonage. Comment expliquer cette anomalie ? Comment peut-on avoir sur un même marais deux zones extrêmes sans une zone de transition ?
– Même chose immédiatement au sud du Gois, à la Bassotière, le long des digues vers le sud, alors que la nature du sol est exactement la même ?
– Par contre, le sud de la plaine à la Fosse, à l’ouest de la 2 x 2 voies, mériterait d’être classé dans une zone d’aléa fort (inondée en 1979 et en 1999), ainsi qu’une portion tout au long de la 2 x 2 voies, jusqu’à la route du Gois.
– De même, on peut s’interroger sur la sagesse du zonage dans le secteur de la Gaudinière (aujourd’hui construit) et de la nouvelle zone artisanale où le port de bottes est obligatoire et le remblaiement indispensable à une utilisation normale des logements (zone de dépression servant jusqu’à présent de bassin d’orage, où vont désormais s’écouler les eaux pluviales ?), une nouvelle zone dépressionnaire semble s’établir plus au sud ?
– L’urbanisation exagérée de la plaine de Barbâtre provoque un remblaiement anarchique désastreux pour la sécurité en cas de pluies violentes (inondations de septembre 2002) par la suppression entre autres, des bassins d’orage, des fossés et des dernières mares existantes.
– Absence de pente, réticulation souvent incohérente.
– L’évacuation des eaux pluviales par le polder de Sébastopol (porte et coëf du Vide) et par les 3 coëfs à la Fosse n’est possible que quelques heures par jour aux environs de la marée basse.
Devant les incohérences et les manques de cette étude, on peut se poser quelques questions ?
– Est-ce que cette étude a été réalisée avec toute la rigueur possible ?
– Est-il possible de faire des corrections avec l’apport de personnes et associations connaissant particulièrement bien le terrain.
Carte d’aléas de la Guérinière, l’Epine, Noirmoutier
– A la Tresson, le zonage nous semble correct avec une zone d’aléa fort jusqu’à la digue de retrait, puis une zone d’aléa moyen jusqu’à la 2 x 2 voies.
– A la Guérinière, au lieu dit «Le Mathois », après le rond point, à gauche de la voie rapide, les prés en contrebas, inondés à la moindre pluie, sont classés zone constructible dans le POS de la commune ! Cette zone est effectivement et justement classée en aléa moyen.
– Aux Eloux, à l’entrée de l’hôtel Punta Lara existe une zone de dépression importante qui n’est pas signalée par la carte d’aléa, constructions récentes.
– Les routes du Morin (D 38), la D 95, la grande charraud de la Bosse à Noirmoutier peuvent effectivement fractionner et ralentir, voire arrêter une invasion, mais tous les chemins desservant les marais, au niveau des bossis des marais salants ne rempliraient pas le rôle de digues de retrait présenté par la carte d’aléas sauf dans le cas d’une entrée d’eau peu importante.
– On peut remarquer quelques erreurs, sur la limite extrême de submersion, à la Grande Lande, aux Prés Patouillards, à la Linière. Aux Roussières, la route côtière n’est pas une digue de retrait, la dune y est justement classée en aléa moyen. Il semblerait normal que toute cette zone, ancien bassin d’orage (peut-être même ancien port romain), soit classée en aléa moyen.
– Entre la Linière et la Madeleine existe un réseau ancien de fossés, étangs (à l’intérieur de la propriété de la Blanche) qui contrôlent l’évacuation des eaux pluviales. Du à la diminution de ces zones humides, au manque d’entretien de certains coëfs ou écluses, il est aujourd’hui indispensable d’utiliser des pompes électriques à chaque forte averse pour évacuer à la mer ces eaux douces menaçantes.
– Certains clapets sont bien indiqués sur la carte d’aléas bien que leur système d’alimentation ne soit pas précisé (à clapets fonctionnant par gravité, ou pompes électriques).
· Porte à écluse ensablée à l’Herbaudière, totalement inopérante (n’est pas signalée sur la carte).
· Porte écluse à la Linière d’une largeur de 1,4m, indiquée sur la carte. Cette écluse est alimentée uniquement par des pompes électriques.
· Coëf en busage, en haut de l’estran, à l’extrémité de la rue de la plage à la Linière, alimenté par des pompes électriques.(n’est pas signalé sur la carte)
· Le coëf sur la digue de protection contre la mer de l’abbaye de la Blanche, (n’est pas signalé sur la carte d’aléas) fonctionne tout à fait correctement par gravité. Ce clapet est un élément incontournable du système d’évacuation des eaux pluviales au nord de l’île.
· Coëf de la Madeleine, fonctionne par gravité, souvent ensablé, nécessite un entretien régulier.
Tous les clapets ci-dessus appartiennent à un même système de réticulation contrôlant les eaux pluviales de l’Herbagère à la Madeleine, un second système existe du Vieil au Bois de la Chaise :
· Coëf de la plage de Mardi Gras au Vieil, fonctionne par gravité, souvent ensablé, nécessite un entretien régulier, ce coëf est situé à l’extrémité ouest d’un système de fossés, d’anciens étangs qui existaient du Vieil au bois de la Chaise.
· Coëf des Roussières, en haut de l’estran, alimenté uniquement par des pompes électriques.
· Coëf de la Claire, fonctionne par gravité, souvent ensablé, nécessite un entretien régulier.
Coûteuses pour la communauté, les trois pompes électriques mentionnées ci-dessus, s’avèrent plus que jamais indispensables devant le remblaiement inconsidéré des zones humides rescapées. Lors de l’orage de septembre 2002, une malencontreuse panne électrique rendant les pompes inopérantes, provoqua de nombreuses inondations et un grand nombre de plaintes de propriétaires de résidences inondées.
De même, la zone qui s’étend de l’Herbaudière au bois de la Chaise draine en partie le bassin versant du plateau agricole. Des pompes électriques opérantes Route du Martroger au sud du lotissement de la Linière permettent l’évacuation en mer des eaux de ruissellement d’une partie de la plaine agricole.

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