Dévasage

Article du Bulletin N° 29

De nouveau le cauchemar !
Le 25 juin 2001, une rencontre avec le Sous-Préfet nous informait de la nouvelle méthode de dévasage du port de l’Herbaudière qui serait proposée en enquête publique. Lors de l’Assemblée générale du 12 juillet, nous vous faisions part de notre inquiétude. Nos pressentiments étaient justifiés.

HISTORIQUE RAPIDE :
Tous les six, sept ans, l’accumulation des sédiments dans le port de l’Herbaudière provoque une remontée des fonds donc une diminution de la hauteur d’eau dans le chenal et dans les bassins ; les bateaux de pêche commencent à avoir des difficultés à regagner les postes à quai s’ils se présentent à des heures très éloignées de la marée haute. Il faut donc draguer le port.
L’avant dernier dragage a eu lieu en 1985, le dernier en 93-94. La méthode était simple : les vases toxiques étaient aspirées dans le port et refoulées, par une conduite, sur l’estran, de l’autre côté de la pointe de l’Herbaudière. Tous deux ont provoqué des conflits entre les usagers du port, soutenus pour des raisons de clientelisme par les politiques, et les habitants qui demandent que l’opération se fasse dans le respect de l’environnement.

En 1994, “Vivre l’île 12 sur 12 “ et l’association “Protection du site de Luzan” avaient déposé un recours devant le Tribunal Administratif qui leur avait donné raison. Par un artifice de procédure, le Préfet, pour éviter des troubles avec les pêcheurs avait néanmoins autorisé l’opération. La cour administrative d’appel puis le Conseil d’État avaient conforté le jugement du Tribunal Administratif, en vain, le mal était fait.

La nécessité d’un prochain dragage a commence à apparaître l’an dernier et avec elle se, posait le choix de la méthode à employer.

En janvier 2001 une enquête publique avait lieu ; elle concernait une demande d’autorisation de la part des gestionnaires du port (Chambre de Commerce et d’Industrie de la Vendée et S. A. du port de plaisance) pour draguer le port de l’Herbaudière en rejetant, comme les fois précédentes, les vases toxiques sur l’estran. Une forte mobilisation des associations (des centaines d’adhérents de “Vivre l’île 12 sur 12”avaient participé à l’enquête) avait conduit le commissaire enquêteur à émettre un avis défavorable.
Toutefois le problème du dévasge restait et il devenait urgent de le résoudre.

NOUVELLE MÉTHODE :
Aussi une nouvelle enquête est lancée. La méthode proposée est aussi lamentable pour l’environnement que les précédentes. Deux nouveautés caractérisent cette nouvelle proposition :
1. Tout à fait miraculeusement,, il est devenu possible de draguer séparément les vases les plus chargées en métaux lourds et les vases moins toxiques alors qu’il y a seulement six mois c’était une aberration. On part alors du principe que, puisque cette opération délicate qui consiste à séparer, sous l’eau, un élément aussi fluide que la vase, est possible, on va :
– rejeter les vases très toxiques dans une fosse à coté de l’île du Pilier (10%)
– refouler comme en 1985 et en 1994 les vases moins toxiques (90% ) sur l’estran rocheux à la pointe de l’Herbaudière.
2. Si la méthode proposée par la CCI et la SA du port de plaisance est acceptée par le Préfet, ils auront l’autorisation de l’appliquer pendant 10 ans, sans autre forme de procès.

LA PROVOCATION :
Dans les conclusions de la dernière enquête on pouvait lire :
“ Afin d’obtenir un réel consensus des “partenaires” en présence, un comité de décision (et non de consultation) doit être animé par un expert indépendant de l’administration et des associations concernées afin de mettre en œuvre une solution qui soit à la fois écologiquement et économiquement acceptable.

Si toutes ces conditions sont réunies, on peut espérer déboucher sur un accord des parties. Dans le cas contraire, il est inévitable qu’une solution non admise par tous se traduira par des recours dont l’aboutissement est incertain et qui retarderont considérablement les conditions de dévasage.”
La dernière enquête publique où la quasi totalité des participants à l’enquête (des centaines contre, un avis favorable) avaient refusé le rejet sur l’estran, est oubliée.

Il n’y a pas eu de concertation, seulement une réunion où on nous a informé d’une nouvelle méthode.
C’est le Service maritime de la Direction départementale de l’Équipement qui a assisté les demandeurs dans le montage de ce brillant projet ; c’est le même Service qui va instruire la demande d’autorisation auprès du Préfet.
Le précédent commissaire enquêteur avait dans ses conclusions proposé cette solution. Lors de la réunion du 25 juin il a argumenté longuement pour la défendre. C’est lui que l’on nomme Président de la nouvelle commission d’enquête ; il pourra ainsi donner son avis sur la solution qu’il défend !

Le nouveau dossier, rapidement bâclé et où il faut rechercher dans les annexes des éléments essentiels de l’étude d’impact :
– accumule les oublis : on ne parle toujours pas des composés d’étain, l’écotoxicité des vases n’est pas mentionnée,..
– se réfère à un avis IFREMER quand il lui est en gros favorable et oublie les conditions qui accompagnent l’avis, ou carrément ne parle pas des études qui le contredise,
– déclare effrontément que la pointe de l’Herbaudière est une région peu touristique, peu fréquentée alors qu’il existe un camping municipal,
– modifie du simple au double la durée des chantiers pour appuyer sa théorie,

Nous vous demandons d’aller consulter ce dossier, si vous n’en avez pas la possibilité nous vous proposons de faire parvenir le plus tôt possible, au Président de la commission d’enquête, la lettre suivante signée et datée.
(Notre bulletin d’information n° 26 comprend un dossier complet sur le problème du dévasage du port de l’Herbaudière.)

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