La lutte contre la prolifération des algues

Notre Association a été invitée à participer à une réunion publique organisée en Mairie de La Guérinière le 24 novembre dans le cadre de la “Mission interministérielle en vue d’un plan de lutte contre la prolifération des algues vertes” ordonnée par le Monsieur le Premier Ministre François FILLON.

Une journée de travail en Vendée était consacrée à cette mission, associant le Préfet, les élus et les services de l’Etat. Notre association n’était invitée que le matin à partir de 11h en mairie. Nous n’avons donc malheureusement pas pu assister à la totalité des débats du matin déjà en cours lors de notre arrivée, ni à l’ensemble des échanges de cette journée.

La visite sur place et la rédaction pour le 8 décembre du rapport de deux inspecteurs généraux était au centre de cette réunion présidée par Madame le Sous Préfet, recueillant les témoignages des élus locaux, des professionnels, des associations. Plusieurs habitants de l’île y assistaient également à titre personnel.

Les principaux élus présents:  Mme Gisèle GAUTIER, sénatrice de Loire Atlantique; Mr Louis GUEDON, député des Sables d’Olonne; Mr Noël FAUCHER, Président de la Communauté de Communes de l’ïle de Noirmoutier; Mr  Jean GAUTIER, maire de l’Epine;  Mme Marie France LÉCULÉE, maire de La Guérinière.

La réunion était structurée en deux parties:

  1. Analyse et compréhension des causes du phénomène des marées d’algues sur l’île.
  2.  Reflexions et propositions pour la mise en place d’une méthodologie préventive et opérationnelle efficace.

Questions principales posées par les différents élus locaux:

  • D’où viennent les nutriments ayant nourri ces phénomènes d’eutrophisation ?
  • Comment se sont formées ces algues ? D’où viennent-elles ?
  • Comment sont-elles venues ?
  • Des études courantologiques existent-elles permettant de modéliser leurs déplacements ?

Certaines propositions explicatives ont été apportées venant des inspecteurs généraux ou de services techniques présents.

Mr Noël FAUCHER  est intervenu longuement, traduisant l’attente forte de la population insulaire sur ce dossier :

« On a vraiment besoin de comprendre comment le phénomène se déroule et d’identifier la provenance. Nous avons aujourd’hui un questionnement sanitaire et un problème économique impactant la pêche, le tourisme. Tout doit être fait pour éviter l’échouage. Concernant le traitement de ces algues, comment les  valoriser? les détruire? On est clairement victimes avec des moyens inadaptés. Il faut par ailleurs que les données analytiques soient croisées avec les phénomènes de mortalité d’huîtres. »

Les questions principales en filigrane de ce débat:

  • L’évaluation des impacts respectifs du bouchon vaseux anoxique estuarien, des sources locales de nitrates et phosphates venant de la Baie de Bourgneuf et de l’île, d’autres sources plus lointaines.
  • L’appréciation des facteurs déclenchants météorologiques: secteur de vent d’Ouest Sud Ouest, ensoleillement exceptionnel…, ou géomorphologiques: formes littorales naturelles ou artificielles non dispersives et provoquant des courants giratoires aggravants l’accumulation de macroalgues.

Il est à noter que ce facteur morphologique dû à des aménagements artificiels a été particulièrement souligné par Madame le Sous Préfet, qui a rappelé sur un ton particulièrement ferme le lien potentiel de ces phénomènes de marées d’algues avec certains choix locaux d’aménagements littoraux (ouvrages de défense contre la mer, urbanisation…) mentionnant son expérience de Présidente de la Commisssion des sites.

Les inspecteurs généraux ont interrogé les professionnels présents pour connaître l’impact des phénomènes d’algues sur les activités primaires.

L’activité aquacole  était représentée par Mr Michel ADRIEN qui est intervenu pour évoquer les problèmes de mortalité d’huîtres liées à l’action virale récente de l’Herpès et à l’émergence d’un facteur environnemental nouveau mettant en péril les activités aquacoles liées à la bonne qualité de l’eau littorale.

L’activité agricole était représentée par Mr Luc JEANNEAU, qui est intervenu pour demander qu’en cas de nouveaux épandages agricoles à l’avenir, une convention tripartite solide soit signée entre la profession agricole, les élus, et l’Etat.

Le représentant mandaté par l’association Vivre l’ïle 12 sur 12, Nicolas GARNIER, est intervenu à cette occasion pour évoquer les forts développement d’algues vertes dans les étiers et les réserves de marais salants depuis plusieurs années.
Il a ensuite rappelé l’existence d’importants apports de nutriments (nitrates et phosphates) à partir de l’étier du Moulin et du Ribandon, citant les résultats du Bilan 1995-2004 de l’Observatoire de la Baie de Bourgneuf. Il a insisté sur la nécessité de ne pas occulter les sources locales potentielles dans les phénomènes d’eutrophisation des eaux littorales insulaires (voir l’article: “Les marées d’algues” dans notre bulletin N°55)

Messieurs DATTIN (Comité local des Pêches) et BURGAUDEAU (Adjoint au maire de l’Epine et ancien pêcheur) sont intervenus pour évoquer l’impact très fort du panache d’eau douce chargée en sédiments de l’estuaire de la Loire jusqu’à 30-40 kms au large.

Il a été souligné à cette occasion les lacunes de la recherche d’IFREMER sur l’impact du bouchon vaseux estuarien.

Mr Marc POIREAUDEAU, président de l’association Les amis de Noirmoutier, était présent mais n’est pas intervenu.

Suite au départ, en milieu de réunion, de Messieurs Louis GUÉDON et Noël FAUCHER, Mme Marie France LÉCULÉE, maire de La Guérinière, a rappelé l’obligation de solidarité intercommunale, appelant à des résultats rapides sur le plan de traitement opérationnel à organiser avant la saison prochaine. Où va t’on traiter les algues sur l’île? et qui va payer?
Elle a également posé la question des plages classées Natura 2000 (où la laisse de haute mer doit être préservée), particulièrement celle de Barbâtre : « des latitudes devront être données pour protéger à la fois la sécurité sanitaire et les règles environnementales. »

La question du financement, essentielle pour les élus locaux et les populations en attente de moyens efficaces, à été relativement bien évoquée lors de la fin de la matinée. Elle va forcément être au centre des discussions entre les élus locaux et l’Etat dans les prochains mois.

Mme Gisèle GAUTIER, sénatrice de Loire Atlantique, semble particulièrement impliquée depuis plusieurs mois sur ce dossier, qui a fait l’objet de sa part d’une question écrite à la secrétaire d’Etat à l’Environnement (JO sénat du 08-10-09 page 2343) ainsi que d’une intervention le 22 septembre à Angers dans le cadre de la mise en oeuvre du Grenelle de l’Environnement.

Lors de ces interventions elle a notamment attiré l’attention sur l’impact en termes de santé publique et d’impact économique et appelé à la reconduction en 2010 des crédits exceptionnels versés lors de l’été 2009 pour le ramassage.

Lors de la réunion en mairie de La Guérinière Mme Gisèle GAUTIER a été la seule à pointer directement cette question des financements, rappelant à l’adresse des inspecteurs généraux l’engagement du premier Ministre: “L’Etat paiera”. Elle a demandé que soit porté au procès-verbal de la réunion la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat.

En vrac, quelques interventions des inspecteurs généraux:

  • L’existence d’une unité du CNRS à Roskoff spécialisée sur ces domaine de recherche.
  • L’INERIS est compétente pour évaluer le risque sanitaire.
  • Lors des enlèvements d’algues, enlever le moins de sable possible.
  • Nécessité de compétence et de plan d’action intercommunal.
  • La quantité d’algues vertes sur l’île était d’environ un tiers de la masse totale.
  • Enlever les algues pour les mettre en tas ailleurs ne fait que déplacer le danger dû à la fermentation.
  • Certaines communes ont mis au point une technique de traitement permettant de stabiliser la fermentation en 8-10 jours à partir d’un mélange d’algues et de paille (ou de broyat de déchet vert) avec un seul retournement. La réduction du quart du volume permet le report de l’épandage. Cette solution est présentée comme la moins coûteuse et la plus efficace dans un premier temps utilisée par le CAT de Dinan depuis 10 ans.
  • C’est en accumulant de l’analyse qu’on arrive à trouver des solutions.
  • Plus on étudie les phénomènes plus on découvre la complexité des intéractions.
  • Ici on est sans doute sur un panache Loire-Vilaine.
  • Proposition de création d’un comité opérationnel méthodologique associant élus, associations, et experts.

Suite à ces différentes remarques un débat a été engagé par Madame le Sous Préfet pour “revenir au côté opérationnel”: « Comment fait-on venir la paille Où la stocke-t’on ? Sur quelle plate-forme on travaille? » Elle a demandé la mise en place d’un plan de collecte, de stockage et d’épandage.

Nous tiendrons les lecteurs du blog informés du suivi de ce dossier.

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