Chantiers de coupe ONF hiver 2014-2015

Bois de la Chaise  (12sur12)

Bois de la Chaise
(12sur12)

Vous avez pû être intrigués par les travaux de coupe effectués récemment dans les bois de la Chaise et de Luzeronde. Voici l’explication que nous a très gentiment donnée Guillaume Simon de l’ONF:

« Nous sommes très satisfaits de la qualité du travail réalisé par l’exploitant avec ses chevaux ; le travail est soigné, les arbres demeurant sur pied préservés, avec l’avenir de la forêt. Une fois que j’ai écrit cela, je me doute que je vous fais bondir! Car une éclaircie reste toujours un traumatisme ponctuel; traumatisme pour le peuplement forestier, qui est brusquement bousculé et qui devra patienter plusieurs mois avant de retrouver un équilibre, la pire chose à craindre étant d’ailleurs qu’un événement tempétueux survienne dans les semaines proches et porte atteinte au peuplement non encore stabilisé, mais aussi  traumatisme pour une population riveraine habituée de fréquenter un lieu perçu à tort comme un élément figé du paysage.
Dans un cadre forestier classique donc, la coupe serait considérée comme terminée….et bien menée. Mais le bois de la Chaize est-il un espace forestier banal? Evidemment non. Dans ce sens, le niveau de finition et le maintien au sol d’une grande quantité de rémanents sur le parterre de la coupe, est, légitimement, mal perçu.
Pour vous rassurer (ou tenter de le faire) :
– 280m3 de bois ont été coupés dont 200 sont déjà sortis de l’île. Les piles de bois restantes sur le chemin seront enlevées dans les prochains jours ou semaines.
– les rémanents au sol les plus gros seront prélevés par des particuliers, auxquels j’ai attribué des lots de bois de chauffage pour un prix modique ; ils auront la tâche importante de soigner le parterre de la coupe, de démonter les houppiers et branchages; ceci pourra durer jusqu’en mars environ. Il restera tout de même des petites branches au sol, qu’il faut considérer comme de la matière organique en décomposition qui va venir perpétuer le fonctionnement du sol. Ces branches ne seront pas extraites du massif ; c’est là une différence importante entre un espace forestier et un parc urbain.
– un travail de « toilettage » sera réalisé sur les tiges de sous-étage cassées, renversées, brutalisées lors des abattages. Au passage, ces petits brins vont profiter de l’apport de lumière dû à l’éclaircie, et se reconstituer rapidement.
Il faut ceci dit bien réaliser que l’espace temps forestier n’est pas celui du jardinier. Compter minimum un an pour que le peuplement retrouve une dynamique équilibrée.
– des plots en bois anti-intrusion de véhicules seront reposés avant l’été au niveau de l’aire de stockage des bois, le long du chemin.
– clairière en amont de l’anse rouge :  les arbres de cette trouée étaient tous morts pendant l’été 2014, du fait d’une attaque de scolytes (petits coléoptères qui attaquent prioritairement les arbres affaiblis ; sans s’avancer avec excès, il est possible que ces arbres aient justement été affaiblis par un retard d’éclaircie – espace vital individuel trop faible sur un sol pauvre et superficiel) – les arbousiers et chênes vert vont vite cicatriser l’endroit. Aucune plantation prévue car aucun intérêt.
– boulevard (terme excessif!) : l’opération s’est faite en deux temps : coupe des arbres par les bûcherons et débusquage à cheval jusqu’au bord des pistes, puis débardage sur chariot tracté par 2 chevaux ; pour éviter de rouler partout, cette seconde opération de débardage des bois s’est concentrée sur une réseau de pistes intérieures, les fameux boulevards intérieurs, qui ne sont en effet pas sensés être ouverts aux véhicules à moteur.
– landes de bruyères : nous avons souhaité être assez interventionnistes pour que davantage de lumière parvienne sur cette lande, dont la valeur paysagère est élevée ; c’est pourquoi plusieurs arbres qui la surplombaient ont été coupés pour éviter le régression de la lande au profit d’un paysage de sous-bois plus banalisé. Les chevaux sont malgré tout passés dessus ponctuellement pour extraire les bois. Là encore, le traumatisme est mineur et la lande s’en remettra dès la prochaine saison de végétation. C’est un mal pour un bien. Les dommages « collatéraux » sur le sous-étage ou sur la lande ne doivent pas être perçues comme une destruction des milieux.
En finitions ultimes, nous n’excluons pas de recourir à un broyage partiel des branchages le long du sentier littoral notamment ; en dehors de cet itinéraire, les branchages au sol auront aussi l’avantage bénéfique de limiter l’éparpillement des usagers dans le bois.

En résumé, les finitions restent à faire ; les lisières seront retravaillées ; le peuplement retrouvera un cadre paysager plus varié et agréable qu’auparavant, mais il est impératif que les gens appréhendent davantage le moyen terme (plusieurs mois). Soyez attentifs à la manière dont le peuplement de pins et son sous-étage d’arbousiers et de chênes va réagir dès le printemps prochain, puis en 2016. La dynamique naturelle pourra vous surprendre.
Autre point, il est prévu de poursuivre le travail de canalisation du public entre l’anse rouge et la plage des dames, par pose de petites clôtures basses incitatives,  pour limiter le piétinement qui érode durablement les sols.
La gestion durable et la pérennité de cette petite pépite qu’est le bois de la chaize est donc notre profonde préoccupation ; cela induit des interventions ponctuelles. L’immobilisme aurait été une fausse situation de confort pour nous, mais pas la plus sage en matière de gestion anticipée.

Luzeronde : une abatteuse travaille sur place depuis lundi, et vraisemblablement jusqu’à demain maximum. Objectifs : réduire la densité des tiges dans les peuplements très homogènes, couper quelques arbres au-dessus des tâches de régénération et de semis (future génération de forêt), opération sanitaire de coupe des arbres morts, déperissants et/ou dangereux pour le public. Les arbres sont choisis par le chauffeur de l’abatteuse qui possède des compétences sylvicoles ; il s’étalonne sur une placette « témoin » dans laquelle j’ai désigné moi-même les tiges, et travaille sous notre autorité et vigilance quotidienne. Si un particulier est intéressé, il sera possible là-aussi de récupérer les branchages restants au sol (bien que l’abatteuse prélève jusqu’à 7cm de diamètre, et qu’idéalement il faudrait les laisser au sol comme retour de nutriments). Là encore, quelques mois seront nécessaires pour revenir à un équilibre.
La semaine prochaine, l’engin travaillera avec les mêmes consignes dans une partie du bois des Eloux. »
(8janvier 2015)

3 thoughts on “Chantiers de coupe ONF hiver 2014-2015

  1. Merci de ces explications pédagogiques et détaillées.
    Il serait important de faire respecter la circulation des piétons dans ces espaces fragilisés provisoirement.
    Souhaitons que l’ONF, l’association du Bois de la Chaise et la commune, chacune dans leur domaine de police, fassent respecter l’interdiction de circuler des 2 roues (VTT et moto-cross)
    Longues vies aux arbres « aérés » aux jeunes pousses et au sous-bois

  2. Merci de ces précisions.
    J’ai pû constater au bois des Eloux le passage d’engins qui sont passés entre les arbres, en laissant sur pied assez abîmés.
    Les traces des machines (la personne de l’ONF parle de chevaux ?) est visible sur le sol. Beaucoup de mousse qui mette du temps à se constituer a été arraché et nombre de branchage gisent au sol.
    Des arbres morts ou aux branches mortes sont pourtant encore dans le bois, me questionnant sur la logique entreprise.

  3. bonjour, je me suis promenée dans le bois de la chaize et comme vous l’indiquez j’ai constaté un travail respectueux en revanche je me promène quotidiennement dans le bois des éloux et à moins que les chevaux n’aient de « grosses roues » (une nouvelle race qui m’a échappé sans doute) et bien là le travail est lamentable et j’ai hésité longtemps avant d’envoyer des photos au ministère concerné!( je ne l’ai pas fait étant assurée d’avance d’avoir une explication très technique qui excuse tout et son contraire) il faut faire respecter la nature par nos enfants et petits enfants! alors voyez! arbres aux branches déchiquetées et non coupées des sols ravagés par des engins même sur la dune fragile non ce n’est pas le même soucis qui a été mis en avant dans ces deux forets merci de me dire pourquoi

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