Après Xynthia

Le 26 juillet à Saint Jean de Monts, une conférence était organisée à l’initiative de Coorlit dont fait partie Vivre l’Ile 12 sur 12. Freddy VINET, professeur à l’Université Montpellier 3, y a présenté le travail réalisé avec une équipe de chercheurs. qui se sont attachés à étudier «les causes humaines dont on parle rarement».

Ce travail, présenté avec une très grande clarté par M.VINET, originaire de Vendée qui connaît bien le littoral, est très intéressant et devrait être connu de tous les Elus et habitants concernés.

A noter que M.VINET a repris quelques éléments des documents réalisés par J-L.EUGENE administrateur de Vivre l’île 12 sur 12, sortis depuis plusieurs années traitant des catastrophes intervenues depuis le 5ème siècle sur l’Ile de Noirmoutier où les risques d’inondations restent très présents. Ces dossiers peuvent être téléchargés à partir de la page « Documents » de ce site (cliquez sur l’onglet en haut).

1 – Déroulement : le 28 février un phénomène naturel s’abat sur les côtes de Charente et du sud Vendée, phénomène reproductible provenant de la combinaison

  • d’une submersion marine due à une surcote de marée liée à une tempête pourtant moins importante que celles que l’on voit souvent sur nos côtes,
  • de la vulnérabilité du bâti,
  • du manque de maitrise de l’occupation du sol : obsession de la construction dans n’importe quelles zones même en dessous du niveau de la mer et surtout les pieds dans l’eau.

Une catastrophe est révélatrice des évolutions du territoire et arrive dans un contexte spécifique de l’histoire du pays (exemple : décès survenus pendant la canicule de l’été 2003 en France, non préparée à cette catastrophe où une crise éclatait chez les urgentistes.) Dans le cas présent, le retard pris dans l’application des PPRI et dans un temps où rien n’est prévu pour faire face à une catastrophe de cette envergure sont des éléments à prendre en compte. A la Faute-sur-Mer, les décès s’inscrivent dans le dernier lotissement créé, espace restant entre deux lotissements, zone basse nommée «cuvette de la mort».

La tempête était bien prévue par Météo-France sur 4 départements. Météo-France a bien fait son travail, mais ce service ne pouvait pas prévoir la submersion ; à l’heure actuelle les différents services restent très cloisonnés et n’échangent pas entre eux.

2 – Entrée dans les vulnérabilités connues par les victimes : l’étude se faisait jusqu’alors sur les faits et jamais sur les victimes, les décès étaient dus au hasard. Le travail engagé par le groupe de chercheurs après Xynthia et les inondations du Var vont permettre de préciser les causes réelles des événements :

  • les décès ont atteint des personnes âgées (moyenne 70 ans) et les jeunes enfants : population fragile,
  • la transformation du site : la flèche de sable n’existait pas au 18 siècle,
  • les secteurs qui ont eu le plus d’eau sont les derniers urbanisés et les plus dangereux sur la Commune, le lotissement «les Doris» a été rempli comme une baignoire : la notion du risque n’existe plus,
  • l’accroissement de la population touristique (avec 90% de résidences secondaires, La Faute a doublé entre 1999 et 2007 et une population plus âgée s’est installée),
  • le bâti est le plus souvent de plain-pied, quelquefois sortie en toit ; pièce refuge ou étage complet très peu envisagé, volets électriques, escaliers extérieurs, autant de facteurs de risque ; la laisse de crues apparaît à 2,45 m à l’intérieur et jusqu’à 2,70 à l’extérieur ; le lien entre le bâti et la mortalité est évident : 32 décès,
  • les facteurs favorables au plain-pied : le coût du foncier et de l’immobilier, le choix de l’urbanisme sur les petites communes : maisons basses présentant peu de prise au vent, logements petits et accessibles pour les personnes âgées et diminution d’occupation des logements de 2,7 à 2 par foyer.

3 – Enseignement pour prévention à l’avenir :
Tous les décès ont eu lieu dans des zones protégées derrière des digues : le risque existe toujours. Il faut que les populations en soient pleinement conscientes, elles ne peuvent empêcher le risque de submersion marine.
Les mesures à prendre :

  • recul minimum de 100m non reconnu jusqu’alors,
  • étage refuge : une pièce en hauteur avec escalier intérieur,
  • rôle essentiel de la maîtrise du sol : pas de construction dans les zones basses toutes les victimes se trouvaient à un niveau de 3,10 m, norme NGF à La Rochelle 5,70m, pas de comblement des étiers et fossés, envisager des bassins de rétentions (garder les bassins d’orages et les polders qui peuvent être réouverts à la mer),
  • nécessités de prévision des risques assorties de réflexes de protection,
  • plans communaux de sauvegarde : les communes sont sommées par l’Etat de les inscrire dans les PPRI : mise en place de plans communaux de sauvegarde avec des structures de commandement, veille obligatoire, équipes de secours, hébergements provisoires, transmissions entre Services et populations, cartographie d’intervention…
  • plans d’intervention graduée : pompiers, sauvegarde de proximité (voisins), les habitants doivent être informés : nécessité de travailler sur le problème de représentation mentale de la catastrophe, la difficulté d’associer le phénomène aux dégâts possibles,
  • une certification orange est en cours pour les Communes qui prennent en compte la sécurité.

Cette conférence a été suivie par une centaine de personnes très attentives et les questions ont été nombreuses. La présentation du vécu par les personnes présentes victimes de la catastrophe a ajouté un très grand intérêt à cette soirée.

One thought on “Après Xynthia

  1. Je viens de prendre connaissance de l’article sur Xynthia qui précise les différents points soulignés lors de la conférence du Professeur Vinet à laquelle j’ai assisté.
    Une précision de ce conférencier m’avait échappée, il s’agit du plan de sauvegarde des communes. Il me semble qu’après Xynthia la presse locale a rencontré les élus qui ont parlé de l’instauration de « veille ». J’habite Barbâtre et j’aimerais savoir l’état d’avancement de ce plan de sauvegarde. Où pourrais je me renseigner ? Les services municipaux n’ont que des réponses évasives du genre : »c’est en cours » « un bureau d’études va s’en occuper » Peut être que les éléments n’attendront pas que les solutions émergent de ces cerveaux fatigués par l’animation du village pendant l’été

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