Nos observations sur le projet de SCOT

La Communauté des Communes nous a communiqué pour avis le projet de SCOT.
La Présidente répond dans une lettre qui résume notre position sur pas mal des plus importants problèmes d’environnement de l’île.

Monsieur le Président,

Je tenais tout d’abord à vous dire combien nous avons apprécié le travail de concertation préalable à la confection du SCOT de l’île de Noirmoutier.

Le document d’orientations générales d’avril 2007 que vous nous avez transmis reflète bien votre volonté d’inclure dans la réflexion et les orientations le souci d’un “développement durable“. Nous regrettons d’ailleurs que les rédacteurs des Plans locaux d’urbanisme en cours n’aient pu ou voulu toujours s’en inspirer.
La politique du logement, qui conforte naturellement le PLH et qui prend fortement en compte le logement social, celui des jeunes actifs et de la population vieillissante, reçoit également toute notre approbation.

C’est pour la préservation des zones humides et plus généralement pour le contrôle qualitatif et quantitatif de la ressource en eau que nous pensons que les objectifs auraient pu être plus précis :

– Les problèmes posés par l’imperméabilisation des sols sont mentionnés, on évoque le « coefficient de pleine terre » pour y pallier, mais rien ne limite l’imperméabilisation due à l’implantation ou l’extension de zones commerciales et artisanales ou au développement anarchique d’aménagements routiers disproportionnés,
– Les problèmes causés par l’écoulement des eaux de ruissellement :

  • Eaux polluées de ces surfaces imperméabilisées qui ne sont pas systématiquement traitées,
  • Eaux des terres agricoles, chargées de molécules pour le moins douteuses, dont les modalités d’assainissement et d’évacuation sont très vagues,
  • Identification et préservation systématique des zones humides et des bassins d’orage qui pourraient diminuer l’impact instantané du ruissellement et qui éviteraient de faire dépendre l’évacuation de ces eaux de moyens de pompage vulnérables, coûteux et dommageables pour le développement durable. Des zones humides de ce type sont actuellement classées en zone agricole et susceptibles d’être mises en culture du jour au lendemain,
  • Mise aux normes du réseau d’évacuation des eaux pluviales dont les insuffisances certaines doivent quelquefois être compensées par une station d’épuration des eaux usées et qui, de ce fait, ne répond plus à sa mission première.

La capacité d’accueil, sujet brûlant pour les communes littorales, est à peine ébauchée. Pourtant c’est cette notion qui doit déterminer le projet qualitatif de développement de l’île.
Nous connaissons la difficulté à évaluer la population estivale de l’île, mais nous dénombrons combien de résidences principales ? Combien de résidences secondaires ? Combien de chambres d’hôtel ? Combien d’emplacements de camping ? Ce sont des chiffres concrets que nous ne voyons apparaître nulle part.

Quels seuils de saturation nous fixons-nous ? Que faisons-nous pour ne pas les atteindre ? Si nous les dépassons, quelles mesures prenons-nous ?
– L’équipement routier est-il saturé ? Va-t-on multiplier les voies ? Les élargir ? Réguler et planifier la circulation au niveau de l’île ? Densifier le réseau de transports en commun ?
Où doit-on positionner les parkings proches des zones sensibles ?
En ce qui concerne les modes de déplacements “doux“, faut-il séparer les piétons des cyclistes, où les laisser survivre dans une cohabitation dangereuse ?
– Le réseau d’évacuation des eaux pluviales, quand il existe, est-il fiable ? Est-il saturé ? Quels sont les solutions, les projets ? Limitation des zones imperméabilisées ? Augmentation des capacités des stations de traitement ? Augmentation des capacités de pompage d’eaux polluées vers la mer ?
– Disposons-nous de suffisamment de personnel dans les collectivités locales pour faire respecter les règlements municipaux ? Nous contentons-nous d’une situation fortement dégradée ou demandons-nous aux résidents des impôts plus élevés pour pallier ces manques ?
Les noirmoutrins accepteraient-ils ces charges supplémentaires ?
– Les zones naturelles sur lesquelles sont édifiées des campings de mobiles-homes sont-elles récupérables en tant que zones naturelles à partir d’une certaine densité d’occupation ? Est-ce que nous l’acceptons et considérons qu’elles sont perdues ou prenons-nous des mesures limitatives ?
– La sécurité incendie des zones boisées n’est pas assurée par absence de personnel de surveillance. Acceptons-nous le risque d’incendie ?
– Sur le territoire français, il y a en moyenne 370 médecins pour 100 000 habitants. Combien en faut-il en été dans l’île ? Acceptons-nous qu’une évacuation sanitaire se fasse dans des délais incompatibles avec la survie dans le cas de certaines pathologies ?
Nous pensons que ces questions, entre autres, doivent être posées dans un document qui engage le développement de l’île pour les 10 ans à venir.

D’autre part la capacité d’accueil est le paramètre inséparable de la qualité de l’accueil, toute labellisation des installations touristiques de l’île ne peut donc passer que par une prise en considération de cette capacité d’accueil.

La prévention des risques de submersion marine : je ne rappellerai pas les contraintes physiques de notre île, ni l’évolution certaine de la climatologie. En dépit des efforts remarquables que vous avez menés pour la défense contre la mer une partie importante de notre île est susceptible d’être envahie par les eaux.
En cas de catastrophe dite “naturelle“, les dégâts causés aux biens seront pris en charge par la collectivité. Il n’est donc pas normal que la construction soit autorisée sans restriction aucune dans les zones menacées. Ceci concerne les zones d’aléas forts, moyens à forts.
Cela concerne aussi les 100 m du bord de mer dans les zones dunaires partiellement urbanisées, ces zones, menacées inexorablement par l’érosion de la côte, sont déjà actuellement protégées à grands frais.

En ce qui concerne le développement et la mise en valeur des activités primaires, nous pensons que, dans le domaine de l’agriculture, il est tout à fait imprudent de limiter l’avenir à l’exploitation de la pomme de terre “de Noirmoutier“ dont les conditions de culture ne vont pas tarder à devenir archaïques dans un marché où la demande de produits naturels s’amplifie et surtout dans le contexte d’une île dont l’image “nature“ a une valeur économique incontestable.

Quant à la protection et la mise en valeur du polder de Sébastopol, nous sommes méfiants en ce qui concerne les termes utilisés dans le document : “restauration des bâtiments d’exploitation“, dès lors qu’il s’agit plutôt de la reconstruction d’une surface importante de bâtiments. Il existe un besoin modeste pour une exploitation agricole de petite taille, il existe certainement un besoin encore plus modeste, pour la gestion du polder ; il faut cependant veiller à ne pas écarter du centre bourg un local destiné à l’information et à la promotion du polder. Le polder est sur la commune de Barbâtre et constitue un atout touristique important pour cette commune.

Enfin, tous les documents, tous les règlements d’urbanisme en vigueur ou en projet insistent sur la protection de l’urbanisme traditionnel, sur la protection des paysages naturels, sur la protection des entrées de bourg, etc ; il paraît dramatiquement incohérent que l’affichage publicitaire anarchique, surdimensionné, quelquefois même illégal se développe sans contrôle dans notre île, banalisant des paysages qui sont un des principaux atouts économiques de l’île.
Cette action ne peut être menée efficacement qu’au niveau de la communauté de communes et, à cet effet, le SCOT nous semble tout à fait approprié dans le cadre du développement durable.

Accessoirement nous avons noté quelques erreurs de forme :
– Page 8, il s’agit des “dunes de la Tresson“, et non des “Sables d’Or“ qui n’est que le nom d’un lotissement proche. À ce sujet, du fait d’une situation transitoire qui s’éternise, rien n’est actuellement prévu pour la protection de cet espace naturel qui se dégrade inexorablement,
– Dans les sites naturels ont été oubliés les sites archéologiques “dolmens de l’Herbaudière “ et “de la Table“,
– Page 9 on trouve « site côtier de Pornichet à Saint-Marc » ?
– Page 11, « prise en compte du projet de classement du Gois » en fait il faudrait insister sur l’expression “classement du Gois et de ses abords“, classement indispensable pour préserver le site d’entrée dans l’île.

Croyez, Monsieur le Président, en l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
La Présidente, Marie-Thérèse Beauchêne

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